Leon Showman
Il y a des artistes surgis de nulle part qui ont la capacité de captiver l’auditeur dès la première écoute, presque par surprise.
Léon fait partie de ceux-là.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ne l’attendait pas. Né au Congo quand ce gigantesque pays s’appelait encore le Zaïre, Léon Malélé grandit avec ses parents à Kinshasa, la capitale.
Dès son plus jeune âge, Léon utilise la musique pour chasser le blues. Et la soul américaine est son genre de prédilection, via la collection de disques de son père qui écoute religieusement tous les dimanches Marvin Gaye, Barry White, Bobby Womack, Al Green, bref le meilleur de la soul seventies. Mais aussi le jazz avec Nat King Cole, Maceo Parker ou Louis Amstrong. Une éducation musicale de choix.
Quand la famille de Léon débarque en France en 1989, elle atterrit à Toulouse. Le petit Léon découvre les débuts du hip-hop et la breakdance. « C’était l’époque de NTM, j’ai monté un petit groupe de rap hardcore, Doberman. Mais le rap, ça n’était pas pour moi, j’ai vite arrêté », se souvient-il. Léon multiplie les petits groupes, les expériences, les rencontres. Il cherche sa voie. Ce sera d’abord le r&b, ou plus précisément la new jack, cette version dynamique du rhythm & blues qui le fascine.
En 2000, avec son groupe électro soul Le Gotha, Léon signe un contrat et sort un disque. « En Italie, on était sur le label de Jestofunk. On a tourné en Arabie Saoudite, au Maroc, en Espagne, en Allemagne, en Angleterre. On était neuf sur scène. Puis on a splitté ».
En 2008, une rencontre fortuite avec un vieil ami, Jao, va redonner à Léon l’envie de retourner dans l’arène. Jao croise Léon alors que ce dernier sort du Bikini, fameuse salle de concerts toulousaine, où il vient de donner un show produit par une association récoltant des fonds pour les enfants malades. Jao, qui a fait un très long séjour aux Etats-Unis, est musicien et ingénieur du son. Il a envie de travailler sur de la soul, il lui faut un chanteur.
Certains appellent ça le destin.
Les deux complices s’enferment pour travailler. Trois jours par semaine, Léon part jammer avec Jao, qui habite à Carcassonne. La majorité des morceaux sont en anglais, la langue de la soul music. Parmi les premières chansons indiquant que le duo est sur la bonne voie, il y a « Showman ». « Ça parle d’un gars qui dit à sa femme qu’il veut bien faire le ménage et s’occuper des enfants, mais qu’elle doit le laisser faire des shows de temps en temps parce que tout ce qu’il sait faire, c’est de la musique. C’est un peu mon histoire ! »
Léon sait qu’il doit enregistrer un vrai album à partir de ces maquettes. Quoi qu’il lui en coûte. Sa passion est à ce prix. « Même si je n’avais pas de maison de disques au début, c’était primordial pour moi de le faire. Je veux savoir que j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir. C’est mon kif, alors plus tard, je veux pouvoir regarder mes enfants en face et leur dire “Papa s’est donné“ ». Léon vend donc les parts de la société qu’il a monté avec son frère et investit dans sa musique. Il va finaliser ses compositions à Polygone, le meilleur studio toulousain, et dans un autre studio rempli de vieilles machines, « pour que ça sonne à l’ancienne ».
Et c’est la rencontre avec Pompon, un bassiste qui a réalisé l’album de Laure Milan. Pompon flashe sur le travail de Léon, il lui propose ses services pour son album. Banco. Il amène avec lui une équipe de jeunes musiciens déterminés parmi lesquels le pianiste Alex Cantié et le batteur Kevin, fils d’un des musiciens d’Images. Le son est live, souvent enregistré en une prise. « Si on veut un son soul à la Motown, ça doit vivre. Si c’est des programmations, ça sonne trop froid ».
La thématique qui émerge est bien évidemment l’amour, avec une touche de nostalgie vu que Léon sort d’une séparation douloureuse. « Ça m’a permis d’évacuer ce qui me faisait mal, ce disque a été comme un exorcisme » raconte Léon. Le résultat ? Treize titres passionnés, originaux, que Léon attend impatiemment de faire découvrir sur scène, l’endroit où, de son propre aveu, il se sent le mieux.
Entre Barry White et James Brown, voici donc Léon. Un soulman moderne avec ses héros, ses modèle et son histoire.
Mais surtout, un incroyable talent!
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